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Couverture de L'Union fait la Force

Catégorie : Fiction

L'Union fait la Force

de Bénédicte Béraud

⭐⭐⭐⭐⭐

Extrait / Résumé
Encore une journée bien pourrie qu’on est prêt à oublier très volontiers ; toute cette misère de merde ambiante qui vous pollue les bronches bien comme il faut. Moins pire que la Grande Intoxication, qu’ils disent. Quelle blague, c’est sûr. On respire de la terre et du charbon, de la poussière de rocaille qu’on brise tous les jours, avec la niaque juste nécessaire. Sinon tu manges pas. Pour sûr, ils ont la même niaque à te péter les couilles pareil, avec leur saloperie d’Union qui continue de creuser les différences sociales, aussi vite qu’on creuse leurs putains de galeries chaque jour.
Rien à foutre. Je bouffe, et c’est ce qui compte.
La survie, mon pote, c’est tout ce qui nous reste. La survie ! Et puis pour quoi, d’ailleurs ? On raconte, là-haut, qu’ils bouffent c’qu’ils veulent. Des tables, mec, comme t’en as jamais vu, qui te font exploser ton estomac quand t’as pas l’habitude. L’estomac de gens d’en bas, quoi.
T’façon, c’est toujours ceux qui font marcher la société qui galèrent le plus, comme une souffrance nécessaire au progrès.
Définition du progrès, s’il vous plaît ? « Ce qui marque une étape dans le sens d’une amélioration. » Bah putain ! J’t’en foutrais des améliorations : de plus en plus nombreux à crever de faim ou d’asphyxie dans la poussière de béton qui se glisse partout. Mais déjà les péteux commencent à parler d’un quota des naissances et, zip ! castration immédiate. Et ouais, mon gars, t’es plus maître de ton corps, en bref. Propriété de l’Union. Faut pas être trop nombreux, ça devient dangereux. Si tout le monde se soulève ? On sait jamais. Mais sous terre, tu fuies pas ; sous terre, tu crèves. Y a que les rats qui s’en sortent.
Il tendit sa carte de chantier au garde qui poinçonnait les feuilles de présence à la fin de journée. La barrière rouge et blanc se leva, et la porte grillagée, tirée par deux gardes, coulissa sur le côté. La lumière rouge, au plafond de la galerie, ronde et brute de terre, s’éteignit, et la verte clignota. Fin de journée, tout l’monde s’en va.
Les salauds, on dit qu’ils vont rallonger le couvre-feu, pour vous enfermer plus tôt, à cause de ces saletés de réfractaires qui rôdent. Moi, je sais que c’est pire que ça. Ça se sait, y en a pas tant que ça. Les gens deviennent fous et pis c’est tout. Venez, vous, là-haut, sérieux, venez vivre notre vie. Cochons d’en haut, la panse engraissée, et qui vomissez votre baratin de dirigeants pacifistes. Un coup de crosse, et tu seras d’accord avec eux. Ça, tu vas voir !
Le groupe compact de travailleurs des galeries, petites fourmis disciplinées, régies par leurs rôles bien définis, sortit brusquement : une masse épaisse et boueuse qui s’éparpillait petit à petit en rejoignant les tunnels pour les quartiers d’habitations.
Chienne de vie, putain. Paraît qu’ils vont nous entôler plus tôt. Et notr’temps libre, ça compte pas ? Chienne de vie, j’en reviens pas.
Le style d'écriture : on a beau être le lecteur, on vit les actions comme les personnages ! Le suspense est maintenu jusqu'au bout. Une forme au début surprenante, mais qui finalement permets une exploration complète de l'univers. Et le travail des petits détails, placés là sans qu'on sache trop pourquoi, mais qui prennent tout leur sens au meilleur moment !! C'est une lecture qui change de tout ce que j'ai pu lire avant... Je recommande !
Ce qui m'a déplu
Même si je pense que ce type de "noms" n'a pas été fait par hasard, et qu'il y a des secrets à découvrir autour de ça, je dirais les matricules des personnages... Je n'aime pas les chiffres =/ leur lecture a été compliquée...
Je recommande
Oui
Mon avis personnel
Innovant, prenant, et un travail d'écriture qui force le respect ! Sa lecture est rapide, parce qu'il n'est pas gros, mais aussi parce qu'on ne veut plus s'arrêter de le lire. Chaque intrigue vous garde en haleine.
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